À PROPOS

Serge Lecoq, l'anartiste

L'homme derrière la toile, ancien encadreur puis auxiliaire de vie, est bel et bien sorti du cadre.

« Si je devais percer, j'arrêterais de signer mes toiles… » Regard malicieux, casquette en place, blanche barbiche, humour grinçant, Serge Lecoq cultive l'esprit de contradiction. Alors qu'il n'avait jamais montré ses oeuvres, ce dernier a enchaîné, en 2018, trois expositions dans le Pays de Gex. La première dans les murs de l'agence ABA Immobilier de Ferney. « Joëlle Houque m'a dit : "je t'expose"… », raconte-t-il. Lui qui se trouvait « dénué de légitimité » se laisse convaincre et se remet au travail. La seconde se déroule à Ornex chez l'artiste sculpteur, Florence Vial. La troisième à Ferney, rue de Genève.

Serge Lecoq reprend là où il s'était arrêté dix ans auparavant. De grands aplats de couleurs sur des toiles de récupération dénuées de châssis. Une approche inspirée par l'un des maîtres du mouvement supports/surface, Claude Vialat. La peinture fait ici partie intégrante du mur. Il n'y a plus de délimitation entre l'œuvre non signée et la surface.
Toujours sans châssis, Serge Lecoq propose ensuite une recherche sur le tissage. « Un mélange d'art brut et d'Arte povera », comme le décrit un connaisseur. Une démarche à l'opposé du métier millimétré d'encadreur qu'il a exercé pendant 25 ans.

Pourquoi l'encadrement ? À la suite d'une rencontre avec un encadreur en appartement le jour, jazzman la nuit. « J'ai trouvé ça tellement bien de pouvoir travailler chez soi en chausson et en pyjama ! » Il devient son apprenti et commence le métier à Paris avant de le poursuivre à Ferney.  Il y rencontre des collectionneurs, des commissaires d'exposition et des artistes qui l'initient à une peinture conceptuelle et expérimentale. « Des artistes fauchés aussi avec qui je faisais du troc », sourit-il.
Mais la gestion n'est pas son truc. Son atelier ferme au bout de cinq ans. « Le travail me plaisait, pas le tiroir-caisse ». De passage à Pôle emploi, un temps facteur puis blanchisseur, il en profite pour produire ses premières toiles. En nombre. Une grande partie finira d'ailleurs à la déchetterie, faute de place.

"J'étais trop sollicité par l'humain"

À la recherche d'une activité « sans petit chef », il suit une formation pour devenir auxiliaire de vie puis exerce dix années à la résidence des Berges du Lion à Ornex. Sa créativité est mise de côté. « J'étais trop sollicité par l'humain », explique-t-il sobrement. Retraité, la fibre créative libérée, il multiplie les projets. Le prochain sera fait de parasols usagés. Il les récupère, les découpe avec son canivet – un petit couteau à la lame lancéolé – et y couche sa peinture. Vivement le retour des beaux jours.

Portrait publié dans « Le Bon Moment », le magazine d'ABA Immobilier, Février 2019. 

À PROPOS

Serge Lecoq, l'anartiste

L'homme derrière la toile, ancien encadreur puis auxiliaire de vie, est bel et bien sorti du cadre.

« Si je devais percer, j'arrêterais de signer mes toiles… » Regard malicieux, casquette en place, blanche barbiche, humour grinçant, Serge Lecoq cultive l'esprit de contradiction. Alors qu'il n'avait jamais montré ses oeuvres, ce dernier a enchaîné, en 2018, trois expositions dans le Pays de Gex. La première dans les murs de l'agence ABA Immobilier de Ferney. « Joëlle Houque m'a dit : "je t'expose"… », raconte-t-il. Lui qui se trouvait « dénué de légitimité » se laisse convaincre et se remet au travail. La seconde se déroule à Ornex chez l'artiste sculpteur, Florence Vial. La troisième à Ferney, rue de Genève.

Serge Lecoq reprend là où il s'était arrêté dix ans auparavant. De grands aplats de couleurs sur des toiles de récupération dénuées de châssis. Une approche inspirée par l'un des maîtres du mouvement supports/surface, Claude Vialat. La peinture fait ici partie intégrante du mur. Il n'y a plus de délimitation entre l'œuvre non signée et la surface.
Toujours sans châssis, Serge Lecoq propose ensuite une recherche sur le tissage. « Un mélange d'art brut et d'Arte povera », comme le décrit un connaisseur. Une démarche à l'opposé du métier millimétré d'encadreur qu'il a exercé pendant 25 ans.

Pourquoi l'encadrement ? À la suite d'une rencontre avec un encadreur en appartement le jour, jazzman la nuit. « J'ai trouvé ça tellement bien de pouvoir travailler chez soi en chausson et en pyjama ! » Il devient son apprenti et commence le métier à Paris avant de le poursuivre à Ferney.  Il y rencontre des collectionneurs, des commissaires d'exposition et des artistes qui l'initient à une peinture conceptuelle et expérimentale. « Des artistes fauchés aussi avec qui je faisais du troc », sourit-il.
Mais la gestion n'est pas son truc. Son atelier ferme au bout de cinq ans. « Le travail me plaisait, pas le tiroir-caisse ». De passage à Pôle emploi, un temps facteur puis blanchisseur, il en profite pour produire ses premières toiles. En nombre. Une grande partie finira d'ailleurs à la déchetterie, faute de place.

"J'étais trop sollicité par l'humain"

À la recherche d'une activité « sans petit chef », il suit une formation pour devenir auxiliaire de vie puis exerce dix années à la résidence des Berges du Lion à Ornex. Sa créativité est mise de côté. « J'étais trop sollicité par l'humain », explique-t-il sobrement. Retraité, la fibre créative libérée, il multiplie les projets. Le prochain sera fait de parasols usagés. Il les récupère, les découpe avec son canivet – un petit couteau à la lame lancéolé – et y couche sa peinture. Vivement le retour des beaux jours.

Portrait publié dans « Le Bon Moment », le magazine d'ABA Immobilier, Février 2019.